Car cela ne se passe jamais comme prévu

« De l’eau coule abondamment du tunnel ferroviaire, pourquoi ne pas s’en servir comme réservoir d’eau ? » C’est avec ces mots que le maître plombier, Josef Wapf-Marti justifia la construction de l’approvisionnement en eau à Altbüron dont le cœur n’est autre que le tunnel.

Fin des années 40, la région d’Altbüron connaissait une forte sécheresse qui entraîna l’assèchement de nombreux puits. Afin de continuer à fournir de l’eau à la population, l’idée d’un approvisionnement central en eau fit son bout de chemin. Alors qu’à l’époque on cherchait d’où prendre l’eau nécessaire, ­Josef Wapf-Marti fit référence au ­tunnel.

Largement incité par les changements politiques, les années 1870 connurent un élargissement intensif du réseau ferroviaire. Les différents exploitants ferroviaires régionaux se livraient une bataille féroce. En proposant des lignes ferroviaires directes et rapides, ils souhaitaient se démarquer de leurs concurrents. Il faut dire que la loi ­ferroviaire de l’époque prescrivait les distances les plus courtes pour transporter les marchandises. « Les chemins de fer fédéraux (CFF) souhaitaient ainsi relier deux lignes existantes d’Olten à Berne, et d’Olten à Lucerne, entre Langenthal et Wauvwil, afin de réduire nettement la durée du trajet. Un tunnel devait assurer cette liaison au niveau ­d’Altbüron », explique Josef Rölli, Président de la société personnelle d’Altbüron.

Le 23 septembre 1873, la CFF reçut l’accord pour la ligne ferroviaire prévue. En novembre 1874, les travaux de démolition débutèrent pour construire le tunnel de Staltenberg à Altbüron et Ebersecken. Les déblais servirent à remblayer les digues ferroviaires qui aujourd’hui encore, caractérisent le paysage local. « 800 travailleurs en majorité d’origine italienne, s’activaient sur le chantier jour et nuit, voire même parfois les dimanches, quand en 1875, ce dernier fut brusquement interrompu », ­raconte Josef Rölli. La crise économique causa des pertes de bénéfices et l’absence de fonds, puis les concurrents de la CFF s’étaient entre temps retirés.

Les années suivantes, on envisagea souvent de transformer le tronçon entre Langenthal et Wauvil en une ligne ferroviaire indépendante, mais aucune des propositions n’aboutit. Il ne resta donc de cette ligne ferroviaire imaginée, que les digues et les déblais de terre ainsi qu’un tunnel non terminé. « Après la proposition de Josef Wapf-Marti, la commune d’Altbüron acheta le tunnel à la CFF, désormais propriétaire, pour 3'000 francs suisses autour de 1950. La ­société personnelle d’Altbüron pris alors en charge la construction du réservoir et l’exploitation de l’approvisionnement en eau », poursuit Josef Rölli. « Seule la construction d’un mur fut nécessaire pour retenir l’eau. Les premiers 247 mètres du tunnel avaient déjà été suffisamment murés pendant la construction du tunnel. Ce dernier s’étend cependant encore sur 200 à 300 mètres dans les roches. »

Aujourd’hui le tunnel ferroviaire est devenu un réservoir hydraulique exceptionnel stockant près de 5'000 mètres cubes d’excellente eau potable. Au fil des années, on instaura deux zones d’approvisionnement à Altbüron. Au cœur de celles-ci se trouve le tunnel qui exploite le réservoir Horn au travers d’une station de pompage à étage. Ce réservoir contient 200 mètres cubes de réserves d’extinction et d’eau industrielle. Une autre station de pompage à étage raccorde le réservoir Bellevue qui approvisionne en eau les habitations dans les hauteurs d’Altbüron.

« Mais nous penchons pour un glacier en raison de l’excellente qualité de l’eau et de sa forte dureté », raconte Josef Rölli. « Une source a bien été trouvée lors de la construction de la route de Stalten dans les années 90, qui cependant n’alimente définitivement pas le tunnel. » L’eau de cette source est récupérée dans une cuve en amont du tunnel, puis amenée vers les deux réservoirs indépendamment du tunnel. « Pour être plus sûrs, nous avons modernisé l’infra­structure en 1999, et nous nous sommes regroupés avec la commune voisine de Grossdietwill en un distributeur commun », décrit Josef Rölli. « Nous alimentons désormais le réseau depuis trois types de sources afin de garantir au maximum ­l’approvisionnement en eau de nos habitants. »