Le moteur de demain
Garder une vision globale grâce à la numérisation et attirer les spécialistes
Les besoins en solutions durables pour gérer les eaux usées ne cessent croître rendant les installations et les projets de plus en plus complexes. Dans le même temps, la pénurie de spécialistes augmente. Purena souhaite s’appuyer sur la numérisation afin de relever ces deux défis. Une chose est claire pour le Directeur Thomas Meyer : une condition incontournable est ici un système en réseau fermé et transversal qui permettrait la collecte des données, leur analyse ainsi que leur documentation.
Monsieur Meyer, vous faites progresser les innovations techniques chez Purena. Quels thèmes intéressent particulièrement votre entreprise ?
Nous sommes une des plus grandes entreprises de la filière hydraulique en Basse-Saxe et nous travaillons en partenariat avec de nombreuses communes sur la base de différents modèles de gestion.
Près de 485 000 habitants sont alimentés en eau potable par nos soins. Dans le même temps nous traitons les eaux usées de près de 150 000 personnes ainsi que celles des entreprises. Au fil des années nous n’avons cessé d’évoluer vers un prestataire technologique moderne, et nous aidons déjà les communes en leur proposant des services et des solutions complètes à la fois rentables et souples. Ces derniers couvrent par exemple la direction des chantiers et dépôts, la gestion des piscines, la planification des stations d’épuration ainsi que le tri des boues résiduelles.
Nos ingénieurs ne travaillent ainsi pas seulement pour nous mais aussi pour d’autres sociétés. Nos spécialistes se confrontent donc à chaque fois à de nouveaux défis et d’autres conditions. Ils doivent se montrer innovants et rester toujours à la pointe technologique. Chez Purena, cela a toujours été le cas et fait partie intégrante de notre philosophie : une chose à nos yeux essentielle. Dans le cas contraire, nous nous risquons très vite de perdre un savoir-faire et nous empêchant de relever les nouveaux défis de la filière hydraulique.
« Le développement de concepts durables exige des systèmes numériques. Sans eux nous ne viendrons pas à bout de la complexité émergente. »
Thomas Meyer, Directeur technique, Purena Sàrl
Quels sont ces nouveaux défis ?
Avant toute chose, nous devons concevoir des solutions durables afin de préserver les ressources naturelles et par là-même la planète. Le développement durable, c’est pour moi bien plus qu’un vague concept. Dans le cadre du fonctionnement de nos installations nous n’utilisons par exemple que du courant écologique issu d’énergies renouvelables. Nous participons ici à la protection de l’environnement ainsi qu’à la transition climatique. Les communes deviennent aussi de plus en plus exigeantes et attendent des concepts durables de notre part. Si nous souhaitons continuer à exister dans la filière hydraulique, nous devons tenir compte de cette demande.
Nous allons connaître dans les années à venir une recrudescence d’années sèches consécutives qui seront marquées par de brèves fortes pluies comme entre 2018 et 2020. C’est pourquoi nous devons développer des stratégies afin de gérer efficacement l’eau pluviale et industrielle, ainsi que réfléchir à sa réutilisation. Cela ne s’arrête pas au bâtiment. Pourquoi ne pas se servir de l’eau de refroidissement des industries voisines afin d’alimenter l’agriculture. L’eau serait directement disponible dans le sol et assurerait dans le même temps les réserves phréatiques. En outre l’eau pluviale ne doit plus être directement évacuée vers la Mer du Nord par les villes, comme nous l’apprenions pendant nos études. Dans le cadre du développement durable, nous devons nous servir des ressources à l’endroit de leur disponibilité. Voilà le point central des futurs concepts sur lesquels nous serons mesurés demain et auxquels nous nous appliquons à travailler. Par exemple dans l’installation de recyclage de l’eau d’un abattoir que nous sommes en train de construire, nous recyclons 60 % des eaux usées épurées vers l’abattoir via l’osmose inverse. Nous y proposons alors de l’eau potable.
Cela a l’air très complexe.
Oui, c’est bien là tout le problème. La complexité des projets et installations ne cesse d’augmenter les rendant quasiment ingérables sans l’aide numérique. En Allemagne, nous avons en outre du retard à rattraper en matière de solutions numériques. Nous ne parlons ici même pas d’intelligence artificielle, mais juste de la mise en réseau de nos systèmes. Nous réaliserions ainsi relativement simplement une protection contre les inondations qui gagne en importance. Nous travaillons actuellement pour une commune sur un large concept autour d’un système d’alarme précoce. Dimensionner la capacité des installations en fonction des pluies sur une centaine d’années n’est pas une option. Cela est tout simplement irréaliste et serait bien trop coûteux. Les canalisations qui seraient nécessaires sortiraient tout simplement de la route (en plaisant). C’est pourquoi nous dimensionnons nos installations pour d’eau pluviales sur 3 ans. Nous devons donc réfléchir quelles zones nous souhaitons vraiment protéger contre les pluies très abondantes, et avec quelles mesures. Nous dépendons ici clairement des technologies numériques : nous devons donc continuer à numériser le fonctionnement normal. C’est absolument indispensable.
Est-ce que cette forme de numérisation peut aussi être une solution afin de répondre à la pénurie de personnel qualifié dans votre secteur ?
Les systèmes numériques aident bien entendu dans le même temps à décharger le personnel en automatisant les tâches simples. Mais ces derniers se chargent avant tout de tâches ‹ ennuyeuses ›. Nous ne pouvons pas développer les concepts de demain sans experts. La numérisation représente à mes yeux, une chance d’expansion pour Purena ainsi qu’un des moteurs pour trouver du personnel qualifié.
Cette pénurie va s’accentuer considérablement dans les prochaines années. C’est pourquoi nous devons trouver le moyen d’être perçu comme un employeur intéressant par le personnel qualifié. Des systèmes numériques dotés de surfaces intelligentes dont on se sert volontiers pour travailler et avec plaisir sont essentiels, car les jeunes talents peuvent y résoudre des tâches passionnantes. Les employeurs intéressants sont aujourd’hui ceux qui proposent des activités passionnantes. Et les entreprises qui accueillent les meilleurs employés auront à l’avenir du succès. Ceux qui ignorent ce point courent à leur perte.
D’après vous, la numérisation en Allemagne n’a pas suffisamment progressé. Quelles tâches passionnantes occupent actuellement vos ingénieurs afin de contre-carrer cette pénurie de personnel ?
Notre équipe travaille actuellement sur ‹ RECYBA ›. Cela implique des stations d’épuration cyber-physiques préservant les ressources. Le projet subventionné est une plateforme de données qui se compose de systèmes d’automatisation transversaux complètement en réseau et sécurisés, ainsi que d’un logiciel d’analyse. Nous souhaitons ici découvrir comment optimiser nos installations, car nous mettons en place dans le même temps un nouveau système de conduite des processus. Il s’agit donc du bon moment pour intégrer RECYBA.
Nous souhaitons accéder en temps réel au rendement de l’installation et prévoyons ainsi d’installer des sous-compteurs énergétiques afin de surveiller la consommation électrique des appareils. Le logiciel d’analyse vers lequel les données sont transférées doit pointer sur les problèmes et mettre en évidence les optimisations possibles. Conformément à la norme ISO 50001, nous sommes tenus de fournir des rapports et, en cas d’irrégularités, de justifier les mesures prises pour y remédier. Mais jusqu’ici je n’ai trouvé aucun logiciel dédié à la filière hydraulique qui le propose de manière transversale et conviviale. C’est pourquoi nous allons le développer nous-mêmes.
« Les entreprises qui accueillent les meilleurs spécialistes réussiront à l’avenir. Ceux qui ignorent ce point courent vers leur perte. »
Mettre en évidence les potentiels grâce à des systèmes complexes en réseau semble judicieux. Mais comment les petites communes peuvent-elles profiter de topologies plus simples ?
Il sera à l’avenir encore plus difficile de trouver des responsables experts de l’épuration. La gestion numérique de l’exploitation présente une option particulièrement intéressante pour de nombreuses petites communes notamment dans les zones rurales. On ne remplace certes pas le responsable de l’épuration mais on peut surveiller les installations à l’aide de paramètres clés faciles à saisir. Si par exemple la conductivité, la température et la valeur pH sont connues à l’entrée, le système identifie immédiatement si quelque chose se produit. La vanne se ferme et les dommages collatéraux sont évités. Un petit bassin de rétention est bien entendu pour cela nécessaire. On gagne ici du temps pour réagir et peut se rendre sur place afin de se faire une idée de la situation. Des possibilités s’offrent aussi à l’intérieur de la station en accédant à distance à la surface de l’eau dans les bassins d’aération ou dans les bassins de post-traitement grâce à des caméras infrarouges.
Quels sont vos futurs projets concrets avec RECYBA ?
Notre projet pour la première phase est que les clients saisissent des paramètres de service simples via une application Web. Grâce au savoir-faire que nous avons intégré, ils accèdent immédiatement aux optimisations possibles dans certains secteurs.
Pour finir, nous visons la mise en réseau des différentes installations ainsi qu’une évaluation numérique. Nous parlons ici vraiment d’intelligence artificielle. Mais la route est encore longue et beaucoup de travail reste à faire. Une chose positive est certaine : les exigences liées au changement climatique ainsi qu’à la transition énergétique occuperont largement nos spécialistes au cours des prochaines années.