Chauffage et refroidissement écologiques

La WWZ AG est un regroupement d’entreprises qui approvisionne ses clients du canton de Zoug et au-delà en eau, électricité, gaz et chaleur ainsi que propose des services de télécommunication. Le besoin grandissant de se chauffer et de refroidir en préservant l’environnement a donné naissance à ce dernier projet. ‹ Circulago › vise à réduire de près de 80%, les émissions en CO₂ issues de la production de chaleur en récupérant l’énergie accumulée dans le lac.

À 26 mètres de profondeur, la température de l’eau dans le lac de Zoug se maintient entre quatre et huit degrés Celsius. Cette eau sera désormais transportée jusqu’à une station de conditionnement d’eau du lac qui est enterrée à Schützenmatt directement au bord du lac. De là, elle passe par un échangeur thermique qui transfert la chaleur vers un circuit hydraulique séparé. Ce dernier servira à alimenter les différentes parties des villes de Zoug et de Baar-Sud. L’eau du lac quant à elle, est ensuite immédiatement retransférée. Les différentes centrales de quartier sont équipées de pompes à chaleur, qui, grâce à l’énergie du lac, génèrent une température de près de 70°C et alimentent les différents bâtiments via le réseau local de chaleur. Des échangeurs thermiques génèrent directement le froid et le transmettent aux consommateurs via le réseau local de froid.

L’idée qui se cache derrière Circulago n’a rien de nouveau : « Les pompes à chaleur industrielles sont utilisées depuis longtemps et ont largement fait leurs preuves. Ce qui change, c’est la dimension de ce projet », explique Andreas Widmer, directeur de WWZ Energie AG.

Comme actuellement l'assainissement urbain est en cours de modernisation à Zoug, la construction des conduites se recoupe entre ces deux projets multi-génération. Depuis juillet 2017, un tunnel souterrain a été creusé pour la conduite des eaux pluviales résiduelles à l’aide du micro tunneling. D’un diamètre extérieur de 2,7 mètres, la conduite accueille les tronçons des conduites pour le circuit hydraulique vers les centrales thermiques de Circulago. En se rapprochant du lac, là où l’assainissement exige une plus grande section, le circuit hydraulique de Cirulago sera creusé dans un tunnel séparé parallèlement au projet d’assainissement. Ses recoupements dans la construction permettent de couvrir rapidement une première section importante du réseau de Circulago.

Dès 2019, il sera possible d’approvisionner les premiers clients en chaleur et en froid issus du lac de Zoug. Comme ailleurs, la construction à Zoug devient de plus en plus dense, la mise à disposition centrale de chaleur et de froid s’avère un vrai atout. Neufs ou anciens, tous les bâtiments seront raccordés à Circulago. « Nous nous intéressons particulièrement aux anciens bâtiments. Car ils sont souvent déjà raccordés aux centrales de chaleur locale à gaz que nous visons à remplacer. De plus, nous couvrons ainsi à l’avenir l’important besoin en chaleur de ces bâtiments tout en préservant l’environnement. Dans les bâtiments neufs, au contraire, le refroidissement écologique joue un rôle grandissant », souligne Andreas Widmer en définissant les clients potentiels futurs.

Afin de parer aux pics de charge ainsi que de garantir la fiabilité de l’approvisionnement, les centrales des quartiers disposent aussi de chaudières à gaz. Cela fait fonctionner les pompes à chaleur dans une plage énergétique optimale.

Le projet suscite un grand intérêt. Même côté protection de l’environnement, ce dernier a été bien accueilli. « Le lac de Zoug est une énorme réserve d’énergie. Dans le bilan annuel, Circulago récupère plus d’énergie du lac qu’il ne lui en apporte. Ce refroidissement reste cependant minime pour faire face au réchauffement du lac lié au changement climatique », explique Andreas Widmer.

La planification de Circulago dure depuis quatre ans. La construction des infrastructures comme le bâtiment de la station souterraine de conditionnement de l’eau du lac, la récupération de l’eau du lac ainsi que les conduites dans les différents quartiers, a été planifiée dès le départ en accord avec la construction finale prévue. Les autres parties de l’infrastructure seront réalisées au fur et à mesure en fonction des besoins. D’ici la fin de la construction, on compte une vingtaine d’années. Les investissements de départ restent élevés, quant à ceux de l’élargissement progressif, ils seront étalonnés. « Nous avons bien sûr pris en compte la rentabilité économique. Une vision à long terme était à mes yeux essentielle. Le projet a été prévu pour les prochaines 60 à 80 ans – en fait, il s’agit d’un projet multi-génération. Il y aura sans doute des phases très rentables et d’autres, un peu moins, mais dans l’ensemble, nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie », commente Andreas Widmer de manière convaincue.

« Le passage aux énergies vertes appartient à la conscience collective. »

Les investissements totaux restent encore flous car ils dépendent de la construction et du degré de raccordement dans les prochaines années : « Il faut cependant compter plus de 100 millions de francs suisses à investir et amortir. Et une chose est sûre : personne ne sera obligé de se raccorder, donc nous devrons proposer des services concurrentiels par rapport aux autres sources énergétiques comme le gaz ou le fioul », explique Andreas Widmer.

« Le plus important pour nous, est de raccorder la majorité des bâtiments à Zoug sans polluer l’environnement. Nous participons ainsi activement à la société à 2'000 watts visée », conclut Andreas Widmer. Un objectif que la ville de Zoug s’est elle-même fixée avec ses habitants dans le cadre d’un référendum.

Crédit photo : iStock.com, WWZ Energie AG