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APPLICATION Très complexe L’approvisionnement en eau potable de Sarnen est très particulier. Près de 9 300 habitants du secteur reçoivent leur eau issue de 17 captages de sources, 15 réservoirs et une station de pompage. Ces derniers couvrent une différence d’altitude de 1 000 m. Les habitations éparpillées le long du versant rendent la distribution complexe : l’ensemble du réseau réparti sur 50 zones s’étend sur 200 km. Nombreuses petites régies d’eau du secteur ont rejoint au fur et à mesure les centrales de Sarnen. La complexité en résultant donna lieu en 2018 à une large modernisation. « Du point de vue hydraulique et technologique, la situation était loin d’être optimale », explique Leo Zberg, fontainier à la régie de l’eau à Sarnen, en décrivant la motivation à l’origine du projet. Certes l’eau provenant des sources les plus hautes suffisait, mais n’arrivait pas intégralement aux sections du réseau qui en avaient besoin. La pompe de la nappe phréatique se déclenchait fréquemment. Conditions idéales pour une centrale d’eau potable Grâce au projet, Zberg souhaite optimiser tout le réseau du point de vue énergétique, car Sarnen est en outre une commune verte certifiée. « En optimisant, nous sommes parvenus par exemple, à réduire l’utilisation de notre pompe phréatique à un usage occasionnel, notamment lorsque l’arrivée de l’eau se trouble suite au mauvais temps », se réjouit Zberg. La topographie associée à une forte quantité d’eau issue des sources offre d’excellentes conditions pour turbiner l’eau potable. « Face à l’important écart d’altitude nous devions dans tous les cas réduire plusieurs fois la pression de l’eau. Sur les ouvrages où nous intervenions, nous avons systématiquement vérifié si nous pouvions installer des turbines pour réduire la pression », explique Zberg à propos des réflexions en amont du projet. L’avantage décisif des turbines : elles n’exigent pas de puits de réduction. Au fil du projet, on décida de profiter aussi du toit des nouveaux réservoirs construits. L’installation photovoltaïque sur le toit des quatre réservoirs produit 25 000 kWh d’électricité par an. « Grâce aux panneaux solaires, les réservoirs se fondent encore mieux dans le paysage que de simples blocs de béton », s’en réjouit Leo Zberg. Le tout sans aucun obstacle ? Le projet est en cours depuis 2010 et près des deux tiers ont déjà été réalisés. Le fontainier prévoit l’achèvement d’ici 2023. Les dix turbines et les quatre installations photovoltaïques couvriront alors la consommation électrique de 600 habitations de Sarnen. Un projet de cette envergure pose quelques difficultés lors de la construction des conduites. « Nous avons posé 3 km de conduites pour une seule turbine avec un écart d’altitude de 450 mètres. Seul un travail avec un hélicoptère était ici possible », se souvient Zberg. Les nombreux secteurs naturels protégés et les biotopes, sans oublier la protection des marrais au niveau national, exigèrent de nombreux accords avec les administrations et organismes responsables. « Travailler en étroite collaboration avec ces derniers dès le début est crucial pour la réussite du projet », souligne Zberg en s’appuyant sur son expérience. En outre, savoir prendre son temps pour une planification soignée et un concept clair s’avère essentiel au succès du projet. Les propriétaires fonciers ne comprennent souvent pas la nécessité de construire de nouvelles conduites et réservoirs. « Dans de nombreux cas, nous avons su trouver ensemble des solutions simples et satisfaisantes pour tous », se souvient Leo Zberg. Cartes sur table 20,75 millions de francs suisses coûta le projet. Les citoyens n’acceptent certainement pas un tel crédit à la légère. En 2010, la population de Sarnen vota cependant à la majorité en faveur du nouveau regroupement pour l’approvisionnement en eau. Au yeux de Zberg, la vision globale du projet garantit sa réussite : « Nous avons informé les électeurs dès le début des coûts totaux et de l’étendue du projet. » Une assemblée municipale pour chaque sous-projet n’aurait rien apporté, car le concept d’alimentation ne peut fonctionner que dans sa globalité. Une question d’entretien On sut aussi argumenter clairement en faveur des centrales d’eau potable souhaitées : pris sur toute leur durée de vie, le coût des turbines se neutralisait. Cependant en raison des composants supplémentaires nécessaires comme le transformateur, la commande et les câbles électriques, cette solution n’est pas comparable avec des réducteurs de pression. En raison de l’importante dénivellation de l’eau, les turbines se rentabilisent tout de même à long terme. Leo Zberg en est parfaitement convaincu : « Les turbines n’exigent quasiment aucune maintenance et leur exploitation s’avère très simple. En tant que fournisseur, nous n’avons rien à craindre. » La régie de Sarnen n’a cependant pas choisi le turbinage pour des raisons financières. « Nous devions couper la pression. Il était donc judicieux de produire en même temps de l’électricité », Zberg en est convaincu. D’après lui, les fontainiers sont amenés de plus en 01| 2020 34 | 35

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